Jimmy Engoulvent : « Je n’étais pas prêt à arrêter »
Interwiew de Jérémy Blais pour vélo pro:
Après 15 années de carrière au plus haut niveau, toujours au sein de formations françaises, Jimmy Engoulvent à bouclé la boucle. Après avoir débuté chez Bonjour en 2001 avec Jean-René Bernaudeau, c’est sous les ordres de ce dernier que le Manceau va mettre un terme à sa carrière le mois prochain à l’issue de Paris-Tours. Le Français va se lancer dans une nouvelle aventure et passer de l’autre côté de la barrière en intégrant l’encadrement de la structure vendéenne. Une reconversion rendue possible depuis l’arrivée du nouveau sponsor Direct Energie. Engoulvent nous en dit plus sur son rôle et sur ses ambitions.
Vous allez intégrer le staff de l’équipe Direct Energie l’an prochain. Quel sera votre rôle ?
Je vais intégrer l’encadrement avec différentes fonctions. Je m’occuperai notamment de l’entraînement des coureurs, de leur suivi, mais aussi de la préparation des courses. Je vais petit à petit me diriger vers le poste de Directeur Sportif. Pour le moment j’irai là où on a besoin de moi. Dans tous les cas, je serai souvent sur les courses car je superviserai aussi le groupe sprint autour de Bryan Coquard et pour débuter je serai parfois amené à occuper le poste de deuxième directeur sportif. Pour le moment, j’ai signé pour un an car j’ai encore tout à apprendre. Ça va avant tout être une année de formation. Je dois prouver que je suis efficace.
Comment cette opportunité est venue ?
En juin, Jean-René Bernaudeau est venu me parler de cette possibilité. Dès qu’il m’a mis ça en tête, j’ai accroché. C’était une bonne opportunité même si en réalité je n’étais pas prêt à arrêter. Je me sens encore bien physiquement et mentalement. J’en ai parlé à d’autres coureurs, j’ai étudié les différentes propositions et j’ai tranché. De toute façon, je ne me voyais pas repartir avec une nouvelle structure. C’était soit je continuais en tant que coureur ici soit j’arrêtais.
L’effectif Direct Energie comportera beaucoup de jeunes coureurs, vous allez aussi transmettre votre expérience ?
C’est déjà ce que je faisais quand j’étais coureur. J’ai vu passer plusieurs générations et je me suis adapté à chaque fois. Je me suis toujours remis en question. Il faut savoir faire avec son temps. Avec l’ancienne comme avec la nouvelle génération ça se passe bien. En plus, ils me connaissent tous, ils me font confiance, c’est un avantage pour ma nouvelle fonction.
Vous devez être très reconnaissant envers Jean-René Bernaudeau ?
Bien sûr mais ça ne date pas d’aujourd’hui. Depuis que je suis arrivé au Vendée U, je lui dois beaucoup car il m’a permis de passer professionnel chez Bonjour. Même si je suis parti après, on a toujours eu de très bons rapports. J’ai ensuite découvert d’autres structures, toutes avec leurs qualités et leurs défauts. Mais je n’ai aucun regret concernant mon parcours, j’ai toujours évolué dans de très belles équipes. Chaque structure et très différente mais j’ai beaucoup appris de chacune.
Vous avez connu Bonjour, Cofidis, Crédit Agricole, Sojasun avant de revenir chez Europcar. C’est en 2009 que vous avez décroché le plus de victoires, huit au total. Quel a été le déclic ?
Cela vient avant tout de mon statut dans l’équipe. Avant je courais dans les meilleures formations françaises sur les plus grandes courses et je faisais mon job d’équipier sans la pression du résultat. Sojasun était une plus petite structure et Stéphane Heulot m’a donné ma carte sur les courses qui correspondaient à mon registre, dans des épreuves de moindre importance. Ça m’a permis d’enchainer les victoires et il y a eu un déclic notamment dans les prologues. J’ai compris que j’avais les qualités pour y briller et par la suite, je les ai beaucoup mieux préparés. J’ai pris goût à la victoire.
C’est d’ailleurs chez Sojasun que vous avec remporté les Quatre Jours de Dunkerque en 2012.
Oui c’est l’un des moments marquants de ma carrière. Surtout dans les conditions où j’ai été chercher la victoire. L’effectif était diminué, nous n’étions plus que cinq dès le deuxième jour et nous nous sommes arrachés jusqu’au bout. Le groupe était très solidaire. C’est probablement la plus belle course par étapes que je pouvais remporter.
En 15 années de carrière, vous avez constaté une vraie évolution dans votre sport ?
On peut dire ça oui. Le peloton a changé et c’est beaucoup plus mondialisé. On a aussi vu arriver une vague anglo-saxonne qui a amené des nouveautés importantes dans ce sport. Toutefois, l’essentiel est resté le même, il faut toujours appuyer sur les pédales pour avancer et passer la ligne en premier pour gagner.
Des choses vous ont-elles révolté durant votre carrière ?
Oui, le dopage. C’est le pire fléau de notre sport. Je n’ai jamais compris et je ne comprendrai jamais qu’on laisse des coureurs revenir alors qu’ils ont été contrôlés positifs. J’ai dû m’adapter comme tout le monde et m’endurcir. J’ai essayé de prouver qu’on pouvait faire une belle carrière en restant propre et honnête.
L’équipe a perdu Pierre Rolland et Cyril Gautier mais a conservé de très bons éléments comme Bryan Coquard et Thomas Voeckler. La philosophie va-t-elle rester la même en 2016 ?
Globalement, on restera sur le même schéma avec la même mentalité. Celle d’attaquer et d’aller de l’avant, notamment en prenant les échappées. On espère aussi que Bryan Coquard va franchir des paliers et gagner des grandes courses. L’équipe sera peut-être un peu plus tournée vers lui et le sprint, mais il y a aussi de bons gars à côté. Sylvain Chavanel et Thomas Voeckler auront aussi leurs cartes à jouer et Romain Sicard tentera de remplacer Pierre Rolland dans les Grands Tours.
A terme, vous voyez-vous un jour à la même place que Jean-René Bernaudeau ?
(Rires). Pour le moment non, je ne m’y vois pas du tout. Peut-être que mon discours changera dans 10 ou 15 ans mais je ne pense pas avoir les compétences pour faire ça. Quand je vois le travail abattu par Jean-René, je le respecte, il vit pour ce qu’il fait.
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