L'Amstel Gold Race 2024
(mis en ligne par CR)
Il est 6h30 quand est donné le départ de l'Amstel Gold Race (Toerversie) 2024 alors que le jour est tout juste en train de se lever.
Sur les lieux depuis la veille (précisément à Houthem à 2,5 km de là), j'avais pris soin de repérer les premiers et les derniers instants de l'épreuve durant une sortie d'une vingtaine de kilomètres avec le Geulhemmerberg (premier mont du parcours) et le fameux Cauberg (dernier mont du parcours).
C'est donc en vélo que j'étais venu prendre le départ, de quoi s'échauffer un peu.
Durant les premiers tours de roue, ça parle beaucoup néerlandais autour de moi, évidemment, mais pas que car toutes les grandes nations du cyclisme étaient présentes : des belges aux italiens, des espagnols aux français, des anglais aux allemands et sans doute quelques autres encore. Ca roule sereinement aussi ! On est loin des départs à tombeau ouvert de certaines cyclosportives. Là, on sait que la journée va être longue, rude et éprouvante, pas question de dilapider des forces inutilement…
Ce sera mon leitmotiv car je sais pertinemment que je n'ai pas la condition d'il y a deux ans sur Liège. La faute à ces soucis de santé du début d'hiver et donc à une préparation perturbée ; la faute également à 2-3 kilos de plus…
La première des 33 bosses au programme se présente rapidement après juste 5 km. Les plus forts se retrouvent devant et moi, je fais ce que je peux mais je gère… Je ne veux pas me mettre dans le rouge sous peine de le regretter un peu plus tard. J'arrive cependant à doubler quelques concurrents (et concurrentes). Et c'est un des faits marquants de cette cyclo : le nombre important de féminines ! Je crois bien n'en avoir jamais vu autant sur une épreuve… En parlant de nombre, nous sommes environ 15 000, répartis sur les différentes distances !
Très vite, une des principales caractéristiques de l'Amstel me saute aux yeux : des routes étroites et sinueuses quand ce ne sont pas des pistes cyclables encore plus étroites avec des rétrécissements soudain ! Dans ces conditions, je me refuse à intégrer un peloton. Je trouve cela trop dangereux et je ne suis pas venu ici pour repartir dans une ambulance… Alors, je laisse filer et préfère rester maître de mes trajectoires.
A ce petit jeu-là, la vitesse moyenne ne risque pas d'être formidable mais tant pis…
Parlons à présent des conditions météo. L'idée de faire l'Amstel ne date pas d'aujourd'hui mais elle s'était renforcée au soir de l'Etape du Tour 2023 après avoir subi une sacrée canicule. On s'était dit alors qu'en avril aux Pays Bas, on serait bien mieux, que ce serait plus respirable… Eh bien… Quelle chaleur ! 12° au départ et à 9h, la barre des 20° était déjà atteinte. A 12h, les 25° étaient franchis et les 30° seraient palpables vers 15h ! Du côté des bonnes nouvelles, pas une goutte de pluie ! Et le vent, digne des Pays Bas ! Vigoureux ! En même temps quand on regarde le parcours en forme de tourniquet, il ne vient jamais bien longtemps du même côté…
La première partie du parcours est la plus simple : Maastricht et les bords de Meuse se passent bien mais après un virage à droite, Maasberg ! Un mont pavé, le seul de l'itinéraire ! Pas des pavés de Paris Roubaix, mais des petits pavés quand même qui font bien perdre du rendement ! Et après 36 km, le premier ravito. Il y en aura 6 en tout, tous parfaitement achalandés ! Une organisation sans faille ! Un deuxième au km 65 et un troisième au km 92 après avoir dû pour l'atteindre effacer une portion gravel ! Heureusement que le temps était sec !
Au km 98, nous revenons à Valkenburg pour entamer une nouvelle boucle, cette fois vers le sud. Il est 10h45 environ et je suis encore à peu près bien, toujours en gestion mais je sens que je peux accélérer si j'en ai envie. D'ailleurs, c'est ce que j'ai fait un peu avant lors de l'ascension du Fromberg. J'ai bien aimé cette montée ! On y reviendra d'ailleurs dans le final…
Au 4e ravito du km 150, ce n'est plus vraiment la même musique… La chaleur commence à se faire sentir, au niveau des pieds, au niveau des sensations, au niveau hydratation aussi. De plus, c'est à ce moment que l'on entre dans le vif du sujet. Les 100 derniers kilomètres sont terribles ! On monte, on descend, on tourne, on relance, les pentes sont de plus en plus sévères !
Le 5e ravito du km 186, au point culminant du parcours, est le bienvenu ! Je dois boire près d'un bidon et demi d'une traite ! Pas bien, je sais mais je voulais vraiment ressentir de la fraîcheur en moi car je me fais l'effet d'une cocotte minute ! Et le plus reste à venir !
On enchaîne le Kruisberg (14 %), l'Eyserbossweg (17 %) (par 30 °C !) et l'Hulsbergweg (10 %) en 10 km ! Je passe chacune de ses fortes pentes, tout à gauche (34x28), je n'ai plus d'autre choix… Je fais avec l'énergie qu'il me reste…
En haut de cette dernière montée a lieu le dernier ravito, histoire de reprendre son souffle avant le bouquet final ! Bergsweg, Fromberg, le terrible Keutenberg et ses 22 % et enfin le Cauberg et ses 13 %. Dans le Keutenberg, je passe les 22 % quasi en apnée et ce n'est pas une image ! J'en vois qui posent pied à terre mais pas moi ! Je repense à Gazonfier et je passe à l'arrachée ! En haut, on ne redescend pas mais on arrive sur un plateau bien exposé au vent et ce n'est qu'à l'approche du Cauberg que l'on redescend.
Dans le Cauberg, dernier effort de la journée, je jette mes dernières forces, j'essaie de reprendre ceux qui me précèdent pendant que d'autres me dépassent en coup de vent. Je vois un panneau "arrivée 500 m" ! "200 m" ! "100 m" ! "50 m" ! Ca y est j'y suis ! Je m'arrête, je coupe mon compteur mais je ne comprends pas… Il n'y a personne pour ainsi dire et puis ceux qui me dépassent continuent sans s'arrêter… En fait, c'était le sommet du Cauberg qui était signalé, pas l'arrivée… Je remonte sur le vélo, relance le compteur, la caméra et termine les 1,5 km qu'il restait à faire pour atteindre la vraie ligne d'arrivée, une arrivée digne de ce nom ! Avec la médaille de finisher qui m'est remise sitôt la ligne franchie…
Quelle journée ! Quelle épopée ! Quel parcours ! Je suis ravi ! Une classique de plus à mon palmarès ! Dommage que ma condition ne m'ait pas permis de jouer davantage et d'avoir une meilleure moyenne. Je me dis que ce sera peut-être le cas dans un mois et demi pour les Trois Ballons. En attendant, je savoure cette belle médaille durement acquise !
Vivement la prochaine !
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 113 autres membres