L'Ardéchoise 2019
Compte-rendu de Christophe ROTA
L'Ardéchoise, c'est pour un cycliste, une cyclosportive à faire au moins une fois dans sa vie. J'ai eu la chance cette année de la faire pour la cinquième fois. L'intermède n'avait que trop duré (12 ans depuis ma dernière participation) !
Arrivé la veille vers 14h30 après 670 km de route en 7h10 (3 arrêts), je suis allé à St Félicien récupérer mon dossard. J'ai eu la surprise d'avoir en cadeau un beau sac de sport floqué aux couleurs de la célèbre épreuve.
J'ai passé la première nuit dans un hôtel de Tournon sur Rhône (distante de 25 km) en plein centre ville. Une nuit chahutée par la fête de la musique mais bon, je ne vais pas m'en plaindre, ce serait le comble pour un musicien.
Levé à 5h15, dans la voiture à 5h50, je suis arrivé vers 6h30 dans un parking au sommet du col de Fonteyes. Il me faudrait donc après la course escalader un col de plus pour récupérer la voiture mais rien de bien méchant et puis quand on aime…
A 6h55, je prenais place dans mon sas, attendant patiemment le départ prévu à 7h30. Je n'ai pas pu voir Gilles et Laurent qui étaient également de la fête.
Avec 14 500 participants, il faut environ 1h15 pour que tout le monde puisse partir. Heureusement avec mon dossard 1093, je faisais partie de la seconde vague et n'ai dû attendre que dix minutes pour pouvoir m'élancer.
Un départ sous un ciel menaçant. Nous avons d'ailleurs entendu quelques coups de tonnerre au loin. Heureusement, le temps resterait au sec toute la journée. Nous avons eu juste quelques portions mouillées dans les cinquante premiers kilomètres.
Très vite, nous sommes dans le vif du sujet. Après deux kilomètres et demi de descente, c'est le col du Buisson qui se dresse devant nous. Dix kilomètres d'ascension oscillant entre 2% et 6%. Rien ne sert de courir, il faut partir à point… Dans cette première montée, le mot d'ordre pour moi a été la gestion, la patience, la prudence. Petit braquet, je tournais les jambes, pas question de brûler des cartouches si tôt. Evidemment, ça déboulait de tous les côtés mais je laissais faire, ne m'occupant que de moi-même et de mes sensations. Je restais également concentré sur mon hydratation. J'avais opté pour une gorgée tous les 2,5 km en montée et une tous les 5 km le reste du temps. En fait, je ne pus lâcher le guidon dans les descentes et donc mon hydratation s'en trouva diminuée. C'est sans doute ce qu'il me manquerait vers la fin…
Je restai également prudent dans le col des Nonnières, conservant la même stratégie. Un col de onze kilomètres mais dont seuls les trois derniers étaient plus pentus mais qui n'a somme toute rien d'effrayant.
Après la descente abordée avec toujours autant de prudence, le col de Mézilhac se trouvait alors sur notre chemin. Un col magnifique avec des vues splendides sur le long serpentin ininterrompu que formaient cette magnifique cohorte de cyclos. Le col de Mézilhac, c'est aussi une montée plus sportive que les précédentes, plus longue, plus relevée, plus haute.
Pris dans l'euphorie, je commençai à lâcher les chevaux. Avec le recul, je me dis que j'aurais dû resté plus calme. Certes, j'ai fait une belle montée, j'ai doublé nombre de cyclos, j'étais ravi ! Toutefois, j'allais payer ces efforts sans tarder. Dès le col suivant, dans le prolongement de Mézilhac, le col du Montivernoux.
Je savais par expérience qu'il ne fallait pas s'attarder au ravito de Mézilhac (j'ai juste rempli le bidon et suis reparti aussitôt) car la suite était indigeste. Cependant, cela n'aura pas été suffisant pour pouvoir passer l'obstacle sans encombre. Il y a des routes, des montées qui ne nous réussissent pas… Moi, c'est le tronçon Mézilhac - Mont Gerbier de Jonc. A chacune de mes participations, j'ai toujours eu beaucoup de mal dans ce coin-là. Il n'en a pas été autrement cette année.
Au Gerbier de Jonc, source de la Loire, pris dans les nuages et la brume, j'avais donc subi mon premier coup de moins bien mais cet écueil était désormais passé et je me jetais (toujours avec prudence) dans une bien fraîche descente.
En bas, à St Martin de Valamas, le thermomètre était nettement remonté et c'est le col de Clavière qui s'offrait à nous. A l'inverse du tronçon Mézilhac - Gerbier de Jonc, autrement dit la route des Sucs, celui-là je n'en avais que des bons souvenirs. Un long col de 20 km avec des pentes qui me correspondent à merveille. Ainsi, j'ai de nouveau haussé le ton. J'ai alors, comme dans Mézilhac, dépassé bon nombre de cyclos mais cette fois, cela n'a pas tenu jusqu'au sommet. Je me suis un peu grillé tout seul, sans doute trop présomptueux ou trop optimiste. Le ravito de St Agrève, à 2 km du sommet, fut alors le bienvenu. Je me suis jeté sur le saucisson, sur les oranges, les bananes, j'avais une folle envie de solide ! Alimenté jusque-là uniquement par des gels, il y a sans doute quelque chose à revoir là-dedans…
Bref, après une courte descente, le petit col de Rochepaule (3,7 km) ne fut pour autant pas une formalité. C'est signe que j'avais déjà depuis un moment commencé à taper dans les réserves et qu'il était temps à présent de débrancher le cerveau…
D'autant que le dernier col de la journée, le col de Lalouvesc, n'était pas le plus facile, loin s'en faut !
Cependant, j'avais eu un bon coup de boost au moral quand je constatai que ce final différait de celui que je connaissais lors de mes participations précédentes. A l'époque, on finissait par un col qui débutait par 300m à 16% puis 1 km à 10 % et 6 km à 5-7 %. Indigeste !
Là, l'entame était nettement plus abordable. C'est après que cela s'est compliqué… A mi-col, je crois, je vis un panneau qui annonçait le prochain kilomètre à 7,4 % de moyenne. Cela m'a coupé les jambes. J'avais déjà mis, depuis le pied, tout à gauche. Je ne pouvais donc plus mettre plus petit braquet. Mon cœur était dans ma tête ! Je pouvais sentir mes pulsations entre mes tempes ! J'avais mal au crâne ! Ma vue commençait à se troubler. Bref, ça n'allait pas fort quoi… C'est le moins qu'on puisse dire ! Je ne suis pas descendu de vélo, j'ai continué comme j'ai pu et j'y suis arrivé ! Là, haut ! Une vraie délivrance !
Il restait 25 km à faire mais en descente pour l'essentiel. C'était gagné ! J'effaçais en partie le mauvais souvenir de la Cyfac, l'an dernier (je l'effacerai totalement quand j'y retournerai). Le sentiment d'euphorie était de retour ! Et là, pour une fois, je descendis à l'attaque ! En relance, dans chaque sortie de virage. En freinant le plus tard possible.
A deux kilomètres de l'arrivée, cela remontait ! J'étais à fond, sur la plaque. Dans ces deux derniers kilomètres, j'ai dû au moins remonter une bonne trentaine de gars ! J'ai fini au sprint pour griller un ultime cyclo sur la ligne. J'étais dé-chaî-né !
A l'arrivée, un petit sms à Laurent et un autre à Gilles. On aura passé la journée à se dire où nous étions sans jamais s'être vus. Bon, les sms de Laurent ne me sont pas arrivés dans l'ordre alors à un moment, j'ai eu du mal à comprendre… Il est devant ? Il est derrière ? Bon, j'ai compris du côté de St Agrève qu'il était devant et bien devant !
Je ne me suis pas trop attardé sur le site d'arrivée, juste le temps de prendre mon plateau repas car souvenez-vous, j'avais encore un col à monter pour reprendre ma voiture…
Je garde en tête ces images magnifiques, ces paysages fabuleux, ces innombrables décorations, ces enfants qui vous tapent dans la main au passage pour vous encourager, ces gens qui vous tendent un verre d'eau pour vous hydrater, ces animations musicales qui rythment votre pédalée, ces mots d'encouragement qui vous donnent du cœur à l'ouvrage !
Qu'est-ce que c'est bien le vélo ! Qu'est-ce que c'est bien les cyclos ! Qu'est-ce que c'est bien l'Ardéchoise !
Vivement que j'y retourne !
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