L'Ardéchoise 2022

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(mis en ligne par CR)

Samedi 18 juin 2022, 6h29. Après avoir pris place dans le parking A6 et avoir préparé mon vélo et le contenu des poches de mon maillot au milieu de bon nombre cyclos en tout genre, j'effectuai les 4,5 km en descente qui me séparait de la ligne de départ de St Félicien. Le ciel était bleu azur, le thermomètre affichait déjà 20°C et le vent n'allait pas tarder à se lever.

Mon dossard (404) m'a permis d'être dans le premier sas de départ, juste derrière les VIP. Sas dans lequel se trouvaient également les 13 autres membres du CCS et de Valéo, une vingtaine de mètres devant. Je m'en rendis compte quand Anthony vint chercher une brioche Pitch au stand qui se trouvait juste à côté de moi.

Samedi 18 juin 2022, 7h25. Le starter lança la meute ! Une cohorte d'un peu plus de 10 000 participants. En réalité, beaucoup moins puisque dans les 10 000 sont inclus ceux qui effectuent les parcours sur plusieurs jours et qui ne sont donc plus là. Malgré tout, cela fit un sacré peloton et c'est à 7h29 que je pus m'élancer à mon tour. Les autres gars du CCS / Valéo étaient partis depuis quelques minutes déjà et je n'en retrouverai aucun de la journée si ce n'est Olivier et Thierry une fois la ligne d'arrivée franchie.

La journée promettait d'être difficile, très difficile car à l'exigence naturelle du parcours (220 km et 4200 m de dénivelé) venait s'ajouter une météo caniculaire ! Et moi, j'ai du mal avec la chaleur… alors la canicule… Mais ce n'était pas tout, il faudrait aussi composer avec de grosses bourrasques de vent, particulièrement violentes dans le final !
Ce fut donc tout en gestion que j'effectuai la montée du premier col de la journée, celui du Buisson. Petit développement, sans forcer, j'allai à mon rythme. Ce serait mon leitmotiv de la journée : ne subir l'allure de personne ! Je ne visais rien d'autre que d'aller au bout dans les délais.

Sur le second col, celui des Nonnières, sans doute le plus facile de la journée, ce fut la même chose. Je laissais passer volontiers les "roule-toujours" ou les plus forts que moi tout simplement.

Mon premier objectif était d'être au sommet du troisième col, le somptueux col de Mézilhac, avant 12h00, première barrière horaire sous peine d'être éliminé. J'y étais à 10h45 ! Pour le moment, tout se passait très bien car alors que j'étais à l'économie, j'ai amélioré quasiment tous mes temps de passage de 2019 !

J'entrai alors dans la partie du parcours dédiée au 220 km, celle que je ne connaissais donc pas puisque jusque là, je n'ai toujours fait que la Volcanique (178 km). Et avec elle, la grosse chaleur commençait à pointer le bout de son nez…

Après une descente de Mézilhac, toujours prudente en ce qui me concerne, je fus surpris par la pente du col d'Aizac. Pas long (3 km) mais raide (6 % de moyenne avec des passages à 8-9 %). Je n'avais pas noté ce détail en regardant le parcours…

Après Aizac, pas de descente mais un plat de 4-5 km avant d'attaquer le col des Moucheyres, moins pentu mais légèrement plus long (4,5 km à 4,4 %). La chaleur fit son œuvre, son travail de sape et commença à m'écraser sur la route.

Le col de la Barricaude (12 km à 5,4 %) fut alors pour moi un long chemin de croix ! Une véritable calvaire ! Il faisait 36-37 °C, l'air était suffoquant, la route bouillante et je n'avançais plus ! Evidemment, mes pieds étaient en feu ! J'ai dû m'arrêter au moins trois fois dans ce col pour marcher et évacuer ainsi le sang en ébullition qui stagnait dans mes voûtes plantaires. Cela faisait fort longtemps que je n'avais pas eu à descendre de vélo dans un col… L'espace de quelques secondes, j'ai songé à abandonner mais j'ai repensé au gars, dépassé plus bas dans ce col, pris en charge par les pompiers et évacué par hélicoptère, j'ai repensé à tout ce que j'avais fait pour en arriver là, j'ai pensé aussi à la Marmotte dans 15 jours qui sera autrement plus difficile, j'ai pensé enfin à l'extrême déception que j'aurais eue de ne pas aller au bout. J'ai bu autant que possible, j'ai mangé, j'ai pris un gel coup de fouet et l'orage est passé…

Je me suis même bien refait car j'ai escaladé le Gerbier de Jonc (3 km à 6 %) comme une balle !

Il fallait être avant 16h00 à St Martin de Valamas et j'y étais à 15h10 ! Ouf !

Bien requinqué, j'ai effectué une très belle ascension du col de Clavière (15 km à 3,5 %) ! J'y ai dépassé pas mal de gars (et de filles). En haut, il fallait y être avant 17h30 et il était 16h45 quand je me lançai dans la descente en direction du col de Rochepaule (3,5 km à 4,5 %).

J'en ai gardé dans cet avant-dernier col sachant ce qui m'attendait dans le dernier (plus pentu et plus long). Je prenais soin également, puisque la route était privatisée, d'aller de gauche à droite rechercher chaque zone d'ombre. Quelques degrés de moins l'espace de quelques mètres, c'était toujours ça de gagné !

Le col de Lalouvesc (8 km à 5 % avec des passages à 8 %) était le dixième et dernier col de la journée. J'ai donné tout ce qui me restait parvenant encore à remonter quelques gars. En haut, je m'arrêtai au dernier point ravito, je les ai tous fait depuis la Barricaude. C'était autant nécessaire pour mon énergie que pour calmer le feu aux pieds.

Il ne me restait plus qu'à me jeter dans la descente du col du Buisson. Ce fut la plus rapide pour moi, j'étais presque dans un état second : j'ai pris des virages à une vitesse que je n'aurais pas imaginée…

Et pour finir, 2,5 km de remontée vers St Félicien où je mis un point d'honneur à déborder un dernier gars aperçu au loin un peu plus tôt.

La ligne d'arrivée enfin ! 11h35 de souffrances et de plaisirs mêlés. Je prévoyais 12h, j'ai été plus vite que je ne pensais…

Et comme si je n'en avais pas eu assez, il fallait bien retourner à la voiture et ce fut donc un col de plus à franchir (3,5 km).

Samedi 18 juin 2022. Il fallait être un peu fêlé pour se lancer dans une telle aventure avec cette canicule ! Mais l'appel de l'Ardéchoise a été le plus fort...

(prochainement ma vidéo GoPro de l'évènement)

(en attente des CR des autres participants s'ils le veulent...)