L'Etape du Tour 2025

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(mis en ligne par CR)

8h15 ! C'était l'heure du départ pour mon sas n°10 et j'allais savoir... Savoir si j'allais pouvoir effacer cette journée du 23 janvier, où je me fracturais la malléole externe du pied gauche, et les mois qui suivirent ponctués d'immobilisation, de corps en jachère, d'inactivité forcée...

Je suis remonté sur le vélo mi-avril. Il me restait alors trois mois pour me refaire une condition physique qui me permette d'aller au bout de cette épreuve et dans les délais... Je suis reparti de bien bas mais j'avais toujours dans un coin de ma tête cette journée du 20 juillet 2025.

Et à 8h15, plus question de tirer des plans sur la comète, il fallait agir ! Ma cheville a mis beaucoup de temps à se remettre, d'ailleurs je n'étais pas encore totalement tiré d'affaire mais sur le vélo, je n'ai jamais été trop dérangé hormis pour déclipser.

Dans une condition précaire, je m'attendais à me battre contre les barrières horaires. Mon premier objectif était donc d'être avant 13h11 à Beaufort après avoir franchi la côte de Héry sur Ugine et le col des Saisies.

Avant cela, je pus me jauger par rapport aux autres. La première bosse s'est bien passée. Je me faisais doubler bien sûr mais j'en doublais aussi beaucoup... Ca tournait bien et il ne faisait pas encore trop chaud.

Une toute petite descente et l'on arrivait déjà au pied du col des Saisies et là on passait au cran au dessus au niveau de la difficulté. Il me fallait ménager la chèvre et le chou : aller suffisamment vite en prévision de la première barrière horaire mais pas trop pour en garder pour la suite qui s'annonçait démoniaque !

Au sommet, je commençais à être optimiste ! Je me sentais plutôt bien et j'avais visiblement une bonne avance sur le chronomètre... Et à Beaufort, c'était confirmé, j'avais 1h30 de marge !

Seulement, rien n'était encore gagné car le col du Pré se dressait devant nous et avec lui des pentes autrement plus difficiles. Dans ce col, j'eus la surprise de revenir sur Bruno, un copain de lycée et de vélo. Il était parti dans le sas 11 donc derrière moi mais je ne l'avais pas vu me dépasser. Nous allions faire quelques centaines de mètres ensemble puis j'allais prendre les devants sans même trop le vouloir...

Le thermomètre avait franchement grimpé ! Sur mon compteur, je lisais 38°C !! Et moi, quand le mercure s'envole, je dégringole ! Pour autant, ces premières agressions n'eurent pas trop d'effets et je continuais à évoluer vers le sommet, certes loin d'être aérien, mais pas à la rue non plus...

En fait, j'allais payer tout cela dans le Cormet de Roseland au milieu d'un décor féérique ! Encore 35°C et là, je commençais à être en surchauffe ! Mais avant cela, j'avais passé la seconde barrière horaire toujours avec 1h30 de marge environ. Il en restait une à franchir avant l'assaut final !

Je profitais de chaque zone ombragée, demandais d'être arrosé par les spectateurs et étais à l'affût de chaque source d'eau ! Je n'ai pas fait tous les ravitos, certains étaient inutiles pour moi mais dans ces instants, ils étaient les bienvenus !

J'en profite pour dire un mot sur l'ambiance : magnifique, vivante, encourageante, admirative et respectueuse ! Du pur bonheur !

Et ma cheville alors ? Elle m'a fait peur à deux reprises ! A chaque fois, pendant quelques dizaines de secondes, la malléole me tirait... Pas de quoi m'empêcher de pédaler mais pas très agréable non plus... Heureusement, cela n'a pas duré !

Heureusement également, la météo incertaine a eu le bon goût d'attendre avant de déverser des trombes d'eau !

Au sommet du Cormet de Roseland, il restait une grande descente puis la longue et exigeante montée finale vers La Plagne.

Au pied, je passais la dernière barrière horaire avec encore 1h15 de marge ! J'allais donc pouvoir aller au bout, en tout cas, on ne m'en empêcherait pas...

Dans les premiers kilomètres de l'ascension, Bruno revint sur moi. Je m'empressais alors de prendre son sillage... Et puis dans l'un des nombreux lacets, il s'arrêta... Je pris donc une nouvelle fois les devants...

Un dernier ravito liquide était annoncé dans le virage 9, à mi-pente environ, après 10 km de montée. Ce ravito, je l'ai attendu, attendu, attendu ! Il n'arrivait jamais ! En fait, une petite erreur s'était glissée sur le roadbook : il était 1 km plus loin ! Arrivé sur les lieux, j'étais vidé ! Mort ! Exténué ! Je tenais à peine sur mes jambes ! Je vis une chaise, je m'assis ! Et je restai là ainsi prostré un long moment, du mois ça m'a paru long... J'ai bu, j'ai mangé, j'ai pris un coup de fouet, attendant que l'orage passe... Et puis, je suis reparti !

Il restait 9 km de montée et mon réservoir était vide ! J'appuyais sur les pédales tel un robot, plus vraiment lucide... Et puis deux détails ont tout changé !

Stephen, arrivé depuis bien longtemps, redescendait à contre-sens. Il me vit et m'encouragea vivement !

Et puis, poursuite du chassé croisé, je rejoignis Bruno qui avait dû me doubler durant mon arrêt prolongé. Et là, il mis pied à terre. Je lui adressai un encouragement et je continuai...

Cependant, ces deux évènements m'ont considérablement reboosté ! Je retrouvais de l'allant, je dépassais à nouveau des concurrents, je sentais la force revenir !

Dans les 5 derniers kilomètres, je lâchai les chevaux et terminai au sprint durant les 400 derniers mètres !

Et là on me mit autour du cou ma médaille de finisher ! Quel soulagement ! Je suis allé au bout de moi-même la chercher ! J'ai bien senti l'absence de foncier de l'hiver, ma moyenne est la plus faible. J'étais plus rapide sur la Marmotte en pleine canicule il y a trois ans, j'étais plus rapide sur l'Etape du Tour 2023 également en pleine canicule. Mais j'ai fait avec mes moyens du moment...

Je serai sans doute plus fort en octobre pour le Tour de Lombardie mais en attendant, repos puis vacances dans le Pas de Calais (avec le vélo).

Vivement la prochaine !