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Les Coursiers Suzerains

La Marmotte 2022

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(mis en ligne par CR)

Le 3 juillet, c'est mon anniversaire de mariage mais cette année c'était aussi l'Everest de ma saison : la Marmotte ! 175 km et 5200m de dénivelé !

Après être allé faire un tour à l'Alpe d'Huez, la veille et en voiture, pour récupérer ma plaque de cadre et me remémorer la rudesse de la pente, j'étais à 6h50 sur la ligne de départ au Bourg d'Oisans. Ayant pris place dans le 3e et dernier sas (vu qu'à l'inscription j'avais envisagé de faire le parcours en plus de 11h), ce ne fut que vers 7h45 que je pus m'élancer.


La météo était alors idéale : 12°, du soleil et peu de vent.


A la différence des autres courses auxquelles j'ai pu participer, ce départ fut calme et serein. Pas de bolides à débouler dans tous les sens, à vouloir passer là où il n'y a pas la place. Conscient du menu qui me serait proposé, je partis donc très prudemment le long de la quinzaine de kilomètres qui nous séparait du pied du premier col, celui du Glandon avec ses 22 km d'ascension et ses 1924 m d'altitude.


Le temps de passer à Allemont et de me souvenir qu'en 1995, j'y avais séjourné en juillet et y avais vu passer le Tour (avec Virenque et Jalabert échappés dans l'étape de l'Alpe d'Huez).


Après avoir longé le lac du Verney et avoir laissé la route de Vaujany sur la droite, nous entrions rapidement dans le vif du sujet avec des pentes autour de 10 % pendant 3 à 4 kilomètres jusqu'au Rivier d'Allemont.


Après quoi la route devint moins rude à parcourir jusqu'à devenir carrément descendante quelques centaines de mètres durant. C'était reculer pour mieux sauter car on enchaînait aussitôt avec de nouveau de gros pourcentages !


Autour de moi, la planète s'était donnée rendez-vous : j'entendais du néerlandais, de l'allemand, de l'espagnol, de l'anglais, de l'italien, du français un peu aussi, mais au bout du compte, nous avions tous le même langage, celui du courage, du cœur et de la passion. Nous étions un peu moins de 5000 !


Après 13,5 kilomètres d'ascension, nous arrivions au second étage de ce col avec le barrage de Grand Maison. De quoi souffler un peu car la route qui suivait ensuite le lac du même nom offrit encore une fois une portion descendante. Le décors était somptueux et nous récompensait de tous nos efforts.


Après un dernier coup de collier, j'arrivai enfin au sommet du col. Là, ce fut l'embouteillage ! Au ravito, il y en avait partout, on ne voyait même plus la route !


Cette première montée s'était déroulée on ne peut mieux pour moi. Le thermomètre avait oscillé entre 12° et 24° et les jambes avaient parfaitement répondu.


Après avoir bien bu et mangé, je me jetai dans la descente. Une descente technique et rapide. Si dangereuse que l'organisateur avait gelé le chronomètre sur cette portion, nous incitant ainsi à la plus grande prudence.


A St Etienne de Cuisnes, le temps était relancé et la plus grande partie de vallée de la journée pouvait commencer. Une vingtaine de kilomètres en faux-plat montant pour rejoindre St Michel de Maurienne. Il y avait vent de 3/4 face. J'ai alors fait le forcing pour rejoindre au plus vite un groupe qui était devant moi, afin de ne pas rester seul à lutter. Seulement, après 2-3 kilomètres au sein de ce groupe, j'ai trouvé que l'allure n'était pas assez élevée alors je me suis mis en tête et ai augmenté la vitesse de 3-4 kilomètres/heure. J'ai ainsi tiré le groupe durant 15 kilomètres. Au ravito de St Michel de Maurienne, un gars me remercia...


Le col du Télégraphe se dressait alors devant nous. Douze kilomètres de montée régulière à plus de 7 % de moyenne qui nous amenait à plus de 1500 m d'altitude. J'étais toujours bien alors j'ai attaqué ce col avec peut-être un peu trop d'envie. Cela a duré 3-4 kilomètres puis je me suis éteint au fur et à mesure que le thermomètre s'embrasait. Il a alors atteint 37°C !


L'air était incandescent ! Je suffoquais. Il y avait des cyclos arrêtés partout, à chaque zone d'ombre exploitable. D'autres marchaient à côté de leur vélo. Ce fut bientôt mon tour... Environ à mi-montée... Mes pieds étaient en feu, c'était horrible !


Quelques centaines de mètres plus haut, une oasis dans le désert : de l'eau fraîche ! Ce fut le paradis ! Quel bonheur de s'arroser partout, de la tête aux pieds ! Je serais bien rester plus longtemps mais il fallait continuer, j'avais un défi à relever, une course à finir, une médaille à décrocher...


J'ai atteint le sommet, me suis de nouveau bien arrosé au ravito et suis reparti dans la descente vers Valloire, pied du col du Galibier. Sur le road book, il était indiqué ravito solide et liquide en ce lieu. Seulement, après être sorti de Valloire et avoir entamé la montée du col, pas de ravito à l'horizon... Diantre ! Le thermomètre indiquait à présent 40°C et j'avais absolument besoin de ce nouveau ravito ! Ce fut alors que je vis un gars arrêté à l'ombre. J'en fis de même et lui demandai : "mais il est où ce ravito ?!". Un spectateur à côté ne lui laissa pas le temps de répondre... "1,5 km plus loin dans un replat !". Ouf !


Après avoir trouvé ce fameux ravito, il restait 15 kilomètres pour se hisser en haut du Galibier et ses 2642 m d'altitude. Je pensais qu'avec l'altitude, nous allions trouver enfin un peu de fraîcheur mais que nenni ! Nous avions beau monter, le mercure lui ne descendait pas ! 40°C !


Mes ennuis allaient alors commencer : les crampes ! Jusqu'au sommet du Galibier, l'intérieur de ma cuisse gauche n'allait pas me laisser tranquille ! Des douleurs paralysantes ! Incapable de pédaler à chaque fois qu'elles se manifesteraient... Je marchais à côté du vélo le temps que ça passe puis je remontais dessus et ainsi de suite, cinq ou six fois... Quelle frustration ! Je sentais que j'avais les jambes mais je ne pouvais pas ! De toute part, dans ce cadre majestueux et féérique, des hommes, des femmes, des jeunes, des vieux, des cyclistes assis, debout, sur le vélo ou à côté, tous unis dans la même douleur, dans le même effort, vers la même quête, le même graal.


La barrière horaire était fixée à 16h au sommet du Galibier, je l'ai franchi à 16h20... Mais il y en avait une autre fixée à 18h, au Bourg d'Oisans, au pied de l'Alpe d'Huez, distante d'une cinquantaine de kilomètres. Après avoir pris le temps de me ravitailler, je me lançai avec énergie dans la descente ! Technique et rapide jusqu'au Lautaret puis moins accentuée ensuite et il fallait donc pédaler. Les crampes avaient disparu, je donnai alors la pleine mesure de mon potentiel. J'ai remonté pas mal de gars (et de filles) dans cette descente, eh oui ! Moi qui d'ordinaire me fais dépasser par tout le monde dans cet exercice. Là, j'avais la rage, je courrais après le chronomètre !


Au bas de la descente, il restait encore 6-7 kilomètres de plat avant le Bourg d'Oisans et j'appuyais encore plus fort ! Résultat, franchissement de la barrière horaire à 17h40 ! Je pouvais m'élancer, après avoir récupéré au ravito, à l'assaut de l'ultime difficulté : l'Alpe d'Huez !


Un peu plus de 13 km à plus de 8 % de moyenne, tel était le programme. J'avais un peu plus de deux heures pour me hisser là haut. Pour être dans les délais, il fallait y être avant 20h... Il faisait encore 35° !


Les premiers kilomètres étaient terribles, à plus de 10 % et ce jusqu'au village de La Garde. Je gravissais la rampe doucement mais sûrement, les yeux fixés sur l'horloge (et sur la route aussi).


A l'ultime ravito liquide de La Garde, je m'arrosai copieusement, bus, mangeai et puis... la tête se mit à tourner ! J'ai posé le vélo et me suis assis par terre. On s'affaira autour de moi, on prit de mes nouvelles mais je répondis que ça allait, que ça allait passer... Et en effet, 15 minutes plus tard, j'avais retrouvé mes esprits ! Hop, en selle ! L'horloge tourne !


Je suis reparti avec envie, la pente s'était un temps adouci avant de se cabrer de nouveau. Dans le replat, j'avais mis une dent de moins mais... j'ai oublié ensuite... si bien que j'ai fait 6-7 km avec de fortes pentes sur un braquet plus dur que je n'aurais dû. Remarquez, ça fait une belle surprise quand on se rend compte qu'on peut finalement remettre une dent...


Après Huez, à 4 km de l'arrivée, les crampes refirent leur apparitions ! M... ! Encore contraint de descendre de vélo !


La dernière se manifesta à 1,5 km du sommet et quelques gouttes n'allaient pas tarder à tomber. L'horloge continuait de tourner. Le ciel pleurait-il mon futur échec dans ma course contre la montre ou ma victoire ?


Le dernier kilomètre était moins pentu, je tombai les dents, j'accélérai comme un malade ! J'ai même fini sur la plaque ! Il n'y avait pas que le ciel qui pleurait, j'avais les larmes aux yeux ! Parce que ça y était, je savais que c'était dans la poche, il ne pouvait plus rien m'arriver ! Ces sentiments dans ces dernières centaines de mètres avec le speaker qui hurlait "FINISHER !!!", les spectateurs qui applaudissaient, c'était juste incroyable ! Du bonheur à l'état pur ! J'en oubliais toutes mes douleurs, toute la souffrance endurée pour en arriver là !


FINISHER ! Je levai les bras en franchissant la ligne 7 minutes avant 20h et j'attrapai ma médaille dans la foulée ! Qu'elle était belle cette médaille si durement acquise ! J'en ai encore des frissons en écrivant ces lignes...


Je finis cette incroyable journée par un repas plutôt modeste et par une quinzaine de kilomètres supplémentaires pour retourner à la voiture au Bourg d'Oisans. Une descente effectuée sous le tonnerre, les éclairs et le déluge. Il a tant plu que mes freins ne répondaient plus et j'ai donc dû m'arrêter pour attendre que l'orage passe. Pause effectuée en compagnie de deux néerlandais.


Je fus de retour à la voiture vers 21h15, l'orage menaçait encore et l'obscurité était de mise. Oui mais dans ma tête, c'était le feu d'artifice ! FINISHER ! La Marmotte ! Le Glandon ! Le Télégraphe ! Le Galibier ! L'Alpe d'Huez ! 175 km ! 5200m de dénivelé ! 40°C !


Ca, c'est fait !


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05/07/2022
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