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Les Coursiers Suzerains

Liège Bastogne Liège Challenge 2022

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(mis en ligne par CR)

Une douzaine d'heures de pur plaisir sur des routes de légende, telle était mon ambition vendredi soir à la veille d'affronter les 256 km et les 4 200 m de dénivelé de Liège Bastogne Liège Challenge 2022. Pourtant, alors que je cherchais le sommeil dans mon hôtel situé à quelques dizaines de mètres du site de départ / arrivée à Banneux, j'avais une petite inquiétude : j'avais les jambes lourdes ! Et ce depuis mon arrivée vers 12h30 sur les lieux. Les 7h30 de voiture y étaient évidemment pour quelque chose… J'avais donc pris, avant de me coucher, une double portion d'étirements !

Au réveil, vers 5h30 le lendemain matin, tout était rentré dans l'ordre ! La nuit avait été excellente et la météo s'annonçait clémente. Pas de pluie, du soleil, des nuages et des températures agréables (7°C au départ, 19-20°C à l'arrivée). Seule ombre au tableau : le vent qui ne faiblirait pas de la journée.


6h30, le départ fut donné ! Je lançai ma GoPro pour immortaliser ces instants et je la lancerais à chaque moment important.


Je partis donc au sein de ce patchwork de nationalités (des britanniques, des néerlandais, des allemands, des italiens, des espagnols, des français, des belges bien sûr…) pour plusieurs heures de bonheur, du moins l'espérais-je.


Premier point positif : parti en tenue d'été sans aucune autre protection, je n'aurai légèrement frissonné que lors des dix premiers kilomètres. La première montée, celle d'Awan, eut tôt fait de me réchauffer.


Les jambes répondaient bien et aucune douleur parasite ne viendrait me contrarier tout au long de cette journée. Et là, je peux tirer un grand coup de chapeau à Alban RENAUD qui m'a repositionné sur mon vélo il y a 16 mois environ suite à des douleurs récurrentes au lombaire droit et au genou gauche.


Bien sûr, il m'a fallu gérer ! Tout gérer ! Mon énergie (ne pas trop en faire, rester à l'économie, toujours en garder), mon alimentation, mon hydratation, mes batteries de GoPro aussi… Quand des groupes me rejoignaient, je jaugeais rapidement si je devais laisser partir ou si je pouvais rester avec eux. J'ai souvent laissé partir…


La seconde difficulté répertoriée (car il y a finalement plus de bosses non répertoriées que les officielles), la côte de la Roche en Ardenne intervint après un peu plus de 60 km. Une des plus faciles de la journée avec ses 3 km et ses pentes raisonnables. J'en garde le souvenir d'un décor magnifique avec son approche qui serpentait au milieu des rochers…


Au km 90, nous arrivions à Bastogne. Le vent qui jusque-là avait été plutôt favorable ou de côté allait nous freiner davantage et parfois avec pas mal de vigueur. Quelques éventails se formaient parfois…


Après 111 km, se dressait la rude côte de St Roch : 900 m à 12 % de moyenne ! La première grosse pente de la journée qui en annonçait bien d'autres encore ! Eh bien, je suis passé ! Tranquillement, à mon rythme… Doucement mais sûrement. La route était encore très longue !


Nous entrions alors, et durant une quarantaine de kilomètres, dans une portion du parcours mal plate (ni de vraies montées, ni de vraies descentes, ni du vrai plat). Le tout agrémenté d'un vent franchement de face ! J'ai survécu ! Parfois dans les roues, parfois seul. Enfin, seul… Je ne l'aurais jamais vraiment été de la journée. Nous étions un peu plus de 3000 il me semble et devant ou derrière, il y avait toujours du monde à l'horizon.


Après avoir franchi le cap des 150 km et passé 3 des 5 zones de ravitaillement, nous entamions la partie finale du parcours : les 100 derniers kilomètres, là où les grosses difficultés commencent à s'enchaîner ! Première d'entre-elles, la côte de Mont-le-Soie. Un peu moins de 2 km à 8 % de moyenne avec une pente max de 11 %. Je suis passé ! J'ai continué !


Cinq kilomètres plus loin, c'est la côte de Wanne qui s'offrait à nous. Un peu moins de 4 km de montée à 5,6 % de moyenne. Ce pourcentage est trompeur car cette bosse est entrecoupée d'une partie descendante et la pente est au final bien plus raide que cela ! Cela ne m'a pas arrêté ! Au contraire, Wanne chantait à mon esprit car à partir de là j'entrais vraiment dans la légende !


Et quand on parle de légende, on ne peut pas ne pas évoquer Eddy Merckx ! Et il en fut question au sommet de Stockeu, 6 km plus loin, où est érigée une stèle en son honneur. Mais pour voir, il a fallu payer ! 1 km à 12,5 % de moyenne ! Et des passages à près de 20 % ! Un sacré chantier !

Incontestablement, pour moi, la plus difficile de la journée ! J'ai vu, j'ai vaincu ! On continue…

A peine descendu de Stockeu, on remonte aussitôt la côte de la Haute Levée ! 3,6 km à 5,4 % de moyenne mais avec un premier kilomètre tout droit qui frôle les 10 % ! Même pas peur ! Que du bonheur !


C'est pas fini ! Au sommet, pas de descente immédiate mais un plateau. Là, je vis un cyclo allongé par terre en train d'être pris en charge. C'est jamais agréable de voir cela… Ca nous rappelle qu'on pratique un sport qui n'est pas sans risque… (Ah Julian ! P… !) Peut-être avait-il chuté également ? Il faut dire que les routes belges, c'est loin d'être du billard… Dans les Flandres, quand ce n'est pas pavé, on a le droit à des plaques de ciment mal jointes. Ici, en Wallonie, le menu c'est trous, trous, trous et encore des trous ! C'est hyper piégeux ! J'ai dû slalomer un nombre incalculable de fois !


Après la vraie descente (là où Julian… P… !), on attaquait le col du Rosier. La plus longue montée de la journée avec ses 4,4 km à 5,4 % de moyenne. Une montée ombragée dans la forêt qui m'a bien plu. Les jambes se portaient toujours bien. Allez, encore !


Nouvelle descente, traversée de Spa, célèbre pour ses thermes et son circuit, et le cap des 200 km fut atteint ! Plus que 56 km mais quel bouquet final !

La côte de Desnié, 1,6 km à 8%, précédait la longue descente vers Remouchamps. Mis à part le fait qu'on entrait dans le royaume de Philippe Gilbert, ce fut également le cadre du dernier point de ravitaillement. De quoi s'alléger de quelques déchets (gels vides, emballages), de prendre une grande respiration et d'ouvrir les yeux en grand car ça y était, on y était, au pied de la célèbre et légendaire côte de la Redoute !

Depuis que j'avais pris le départ, je pensais à ce moment. A ce rendez-vous avec l'Histoire de ce sport. Vandenbroucke, Bartoli, Jalabert, Gilbert, Valverde, Alaphilippe, plein d'images me revenaient en tête mais cette fois, c'était à moi de jouer ! J'ai entamé la montée prudemment car je savais que trop ce qui m'attendait plus haut. La Redoute, c'est 2 km à 8,8 % avec trois passages à 13 %, 17 % et 13 % ! Et l'appétit venant en mangeant, la forme étant au rendez-vous, la fatigue curieusement absente, j'ai accéléré ! Porté par la foule déjà présente pour la course des pros du lendemain, je n'ai plus senti les pédales ! Au milieu des campings cars, sur cette route noircie d'inscriptions à la gloire des géants de la route et principalement à celle de l'enfant du pays dont ce serait la dernière participation, j'appuyai de plus en plus fort sur les pédales. Et plus je progressais dans cette pente, plus j'étais déchaîné ! Au moment de passer le sommet, j'ai tout donné en remontant et en déposant quelques cyclos. Plus d'un d'ailleurs avait mis pied à terre mais pas moi ! Non, pas moi !


Bon… Au sommet, il restait encore 40 km et trois bosses dont la Roche aux Faucons. Je m'étais bien amusé dans la Redoute mais là, fallait se calmer un peu ! J'ai donc repris la gestion de mes efforts…


Sprimont, bosse non répertoriée, qui ne ferait pas de mal à une mouche en temps normal mais qui se fait sentir, quand on a déjà 220 km dans les jambes. Sprimont où j'ai pu dépasser quelques gars avec lesquels on a passé la journée à faire le yoyo. Un coup, c'est toi, un coup c'est moi…


Très vite, nous étions arrivés au pied de la Roche aux Faucons. Une pente sévère dans sa première partie (1,5 km) où l'on tutoie encore les 15 %. Un replat et même une petite descente ensuite avant d'attaquer la seconde partie encore à 10 % ! Le tout sur un peu plus de 3,5 km.


Après une belle descente, la dernière bosse était devant nous. La longue côte de Courtil que les pros feraient au départ le lendemain ! Là, je me suis rendu compte que j'étais en avance par rapport à ce que j'espérais. Ca fait plaisir et ça redonne encore un peu plus de force pour terminer.


D'ailleurs, je n'étais pas le seul à être grisé par la ligne d'arrivée désormais toute proche. Je voyais bien que d'autres étaient dans le même état d'esprit. On appuyait plus fort, on s'échinait encore davantage, il n'y avait plus d'énergie à garder, c'était la fin !


Il devait rester mois de deux kilomètres quand j'ai voulu lancer une dernière fois ma GoPro mais plus de réaction ! La batterie était vide ! J'ai donc dû m'arrêter pour mettre celle de secours car il était hors de question que je n'ai pas l'arrivée dans ma vidéo, enfin quoi !


Et le portique d'arrivée s'offrit à moi ! 256 km ! 4200 m de dénivelé et à vrai dire, je pouvais encore continuer ! Enfin, ça y était ! C'était fait ! J'avais ma médaille de finisher autour du coup ! J'étais trop content ! J'en ai rêvé de cette médaille ! Et avec elle, de nouveaux horizons s'offraient à moi, de nouveaux challenges ! Milan San Remo ? L'Amstel Gold Race ? On verra mais j'y ai pris goût, c'est certain !


Avec ce Liège Bastogne Llège Challenge 2022 s'achève mon premier cycle de la saison. Après quelques jours de coupure totale, je vais repartir sur un second cycle qui doit m'amener au sommet de ma forme pour la Marmotte (encore un sacré défi !) en passant par la Cyclo de l'Intérieur et l'Ardéchoise.


Une douzaine d'heures de pur plaisir sur des routes de légende, oui c'était bien ça et ça c'est fait !

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25/04/2022
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